le(s) gaullisme(s)
Qu'est-ce
que le gaullisme ?
La difficulté
de définir le gaullisme a trois causes principales :
le gaullisme possède plusieurs dimensions : historique, philosophique,
politique
l'action politique gaulliste ne réalise pas l'ensemble de la pensée
politique de Charles de Gaulle : le gaullisme est-ce l'action de Charles de Gaulle ou la doctrine
politique
de Charles de Gaulle (telle qu'elle ressort de ses discours, écrits, etc.)
?
le gaullisme est une référence encore présente dans la vie politique française
: dans quelle mesure ceux qui se réclament actuellement du gaullisme sont-ils
fidèles à la pensée politique de Charles de Gaulle ? Est-ce encore du
gaullisme ?
Sur cette question, voir notre page
Actualité
du gaullisme
Le
Gaullisme : un fait historique
En tant que fait historique, le gaullisme renvoie à la Résistance et à la
France Libre (1940-1944).
Les références
sont Jeanne d’Arc, Gambetta et
le gouvernement de Défense nationale en 1870, Clémenceau,
etc.
Le gaullisme
historique est celui des Compagnons de la Libération.
Le
Gaullisme : une philosophie
En tant que philosophie, le gaullisme se caractérise par :
-
le volontarisme contre le fatalisme
-
l'action contre la contemplation
-
la légitimité supérieure à la légalité
Cette
philosophie gaulliste est proche de celle de l’officier communard Louis
Rossel.
Le
gaullisme philosophique est celui des gaullistes épiques (André Malraux,
Maurice Druon, etc.).
Le
gaullisme philosophique pose une question essentielle : qu'est-ce qui est légitime
et qu'est-ce qui ne l'est pas ? C'est en effet au nom d'une même philosophie
que d'anciens résistants ont participé au combat antigaulliste pour l'Algérie
française (Georges Bidault, Raoul Salan, etc.).
C'est
donc bien que le gaullisme ce n'est pas seulement la référence à une
philosophie, mais que c'est également la réalisation de certaines idées, la référence
à certains principes, bref une
doctrine politique.
Le
Gaullisme : une action politique
En tant qu'action politique (1944-1946 ; 1958-1969), le gaullisme se caractérise
par :
-
les institutions de la Vème République
-
le pragmatisme économique et social
-
la décolonisation
-
la réconciliation franco-allemande (construction européenne)
Le néo-gaullisme
pragmatique a été incarné autrefois par Georges Pompidou et l'est
actuellement par Édouard Balladur. Il commémore l'action politique de Charles
de Gaulle et définit le gaullisme comme un pragmatisme.
Le néo-gaullisme
pragmatique pose une question essentielle : vers quel but ce pragmatisme tend-il
?
Un
pragmatisme sans but ne serait en effet qu'un opportunisme et une simple récupération
de la référence gaulliste sans contenu.
Pour
certains le but de ce néo-pragmatisme est la grandeur et l'indépendance de la
France, fin ultime du politique vers lequel tout doit tendre sans a
priori doctrinal.
Le problème d'une telle définition du gaullisme c'est qu'elle permet à une
partie de l'extrême-droite nationaliste de récupérer la référence au
gaullisme.
C'est
donc bien que le gaullisme ce n'est pas seulement la réalisation de la grandeur
et de l'indépendance de la France mais que c'est également la réalisation de
certaines idées, la référence à certains principes, bref une
doctrine politique.
Le
Gaullisme : une doctrine politique
En tant que doctrine politique, le gaullisme se caractérise par :
la
participation
le
nationalisme républicain
Le gaullisme
orthodoxe a été incarné autrefois par Louis Vallon, Pierre Lefranc, Jacques
Baumel, etc.
Il l'est actuellement par Philippe Séguin.
Le pragmatisme
gaulliste n'est alors vu que comme un pragmatisme du choix des moyens et du
moment pour agir conformément à la doctrine gaulliste.
Le gaullisme
orthodoxe pose toutefois une question essentielle : quelle est cette doctrine
gaulliste ?
C'est ce
à quoi le Centre d'Information sur le Gaullisme s'efforcera de répondre dans
l'espace Études
de ce site. Voici cependant d'ores et déjà quelques pistes de réflexion :
La participation
est le premier pilier de la doctrine gaulliste. Elle se décompose en une macro-participation et une micro-participation.
La macro-participation renvoie aux institutions gaullistes et se caractérise
par :
-
les institutions de la
Ve République (1958 ; 1962) : un État
fort
-
le projet de fusion du Sénat et du Conseil Économique et Social
(participation des forces vives de la Nation à l'élaboration de la loi)
-
le projet de déconcentration régionaliste
Dans le
domaine de la macro-participation la différence entre la doctrine gaulliste et
l'action gaulliste provient essentiellement de l'échec du référendum
d’avril 1969. Il y a pourtant continuité dans la pensée politique gaulliste,
du discours de Bayeux (1946) au projet de révision constitutionnelle de 1969.
Les références
de la macro-participation gaulliste sont le bonapartisme (appel au peuple, démocratie
directe) et le corporatisme chrétien (seconde chambre représentant les intérêts
catégoriels, mais subordonnée à l'Assemblée Nationale, représentant l'intérêt
général).
La micro-participation
renvoie à la participation dans l’entreprise à travers le projet
d'association capital-travail (troisième voie sociale : ni capitalisme, ni
marxisme).
Dans le
domaine de la micro-participation la différence entre la doctrine gaulliste et
l'action gaulliste provient essentiellement de l'opposition d'une partie de la
majorité gaulliste (Georges Pompidou) et de la plupart des partenaires sociaux
(patronat par conservatisme social, syndicats par orthodoxie marxiste ou utopie
autogestionnaire). La continuité de la pensée politique gaulliste est
cependant totale dans ce domaine.
Les références
de la micro-participation gaulliste sont le socialisme associationniste (non
marxiste) et le christianisme social.
Le nationalisme
républicain est le second pilier de la doctrine gaulliste. Il se caractérise
par l'indépendance
nationale et européenne d'une
part, le républicanisme
d'autre part.
L'indépendance nationale et
européenne se caractérise par :
-
une Europe des États (confédéralisme)
-
une Europe européenne (troisième voie internationale : ni États-Unis d’Amérique,
ni Unions soviétique)
-
le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes (référendums d’autodétermination)
Dans le
domaine de l'indépendance nationale et de la construction européenne, la différence
entre la doctrine gaulliste et l'action gaulliste provient essentiellement de l'échec
du plan Fouchet (1961-1962).
La continuité
de la pensée politique gaulliste n'est toutefois pas absolue dans ce domaine :
Charles de Gaulle et les gaullistes acceptent en effet aux débuts de la IVe
République, avant la querelle de C.E.D., l'idée d'une Europe supranationale.
L'idée d'une Europe supranationale correspond en effet alors à l'idée d'une
Europe française ; l'idée d'une Europe supranationale correspondra ensuite à
l'idée d'une Europe américaine (exemple du projet de C.E.D.), bien entendu
combattue par les gaullistes.
Le républicanisme
gaulliste se caractérise par :
-
la primauté du politique (sur l'économique, le financier,
l'administratif, etc.)
-
le respect de l'autorité de l’État
-
la solidarité nationale entre les citoyens et entre les territoires (sécurité
sociale, services publics, péréquation, etc.)
-
l'égalité des chances
-
une citoyenneté participative
Les références
du républicanisme gaulliste sont la Révolution française, Jules Michelet,
Charles Péguy, etc.
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